Bienvenue à la gare de Pacy-sur-Eure ! Remontons ensemble 160 ans en arrière, à l’époque où cette gare n’était encore qu’un ambitieux projet. En 1863, les premiers travaux débutent pour en faire un centre ferroviaire majeur du département de l’Eure. Dix ans plus tard, en 1873, la gare est inaugurée avec des équipements à la pointe du progrès : 14 voies, 19 appareils de voie, une remise pour locomotives, une plaque tournante, deux quais pour accueillir les voyageurs, ainsi qu’une halle à marchandises, une lampisterie, un foyer pour les roulants et même un buffet accueillant les passagers.
À cette époque, Pacy-sur-Eure est une gare de bifurcation stratégique reliant la ligne d’Orléans à Rouen à celle venant de Gisors, dont elle est le terminus. Cependant, seulement six ans après son ouverture, la Compagnie des Chemins de fer d’Orléans à Rouen fait faillite, laissant place aux Chemins de fer de l’État et à la Compagnie de l’Ouest, fusionnées par la suite en 1905.
Durant la Première Guerre mondiale, la gare de Pacy-sur-Eure joue un rôle clé en assurant le transport des soldats rapatriés du front. Mais entre les deux guerres mondiales, le trafic de voyageurs commence à décliner avec l’arrivée d’un nouveau concurrent : l’automobile.
En 1938, la SNCF reprend la gestion de la gare, mais l’année suivante, l’Histoire bascule de nouveau. Occupée dès juin 1940, la gare voit transiter des convois militaires jusqu’à la libération. En 1944, elle perd son statut de gare de bifurcation : la liaison vers Gisors est définitivement interrompue, et son dépôt, incendié par les forces américaines, ne sera jamais reconstruit.
Après-guerre, le déclin du trafic voyageurs se poursuit jusqu’à la fermeture définitive de ce service en 1950. Les installations sont alors progressivement réorientées vers le transport de marchandises agricoles, avec la construction de silos à grain dans les années 1960. Toutefois, même ce trafic diminue fortement dans les années 1970 et 1980, face à la concurrence des camions.
En 1989, la gare de Pacy-sur-Eure vit avec émotion le passage de son dernier train de marchandises. Quelques années plus tard, la ligne est officiellement déclassée après la démolition du raccordement à la grande ligne Paris-Caen-Cherbourg à Bueil.
Heureusement, l’histoire ne s’arrête pas là : en 1994, le Chemin de Fer de la Vallée de l’Eure (CFVE) prend possession des lieux pour y développer une activité touristique et patrimoniale. Aujourd’hui, la gare revit en tant que témoin dynamique de son passé glorieux. De nombreux bâtiments d’époque subsistent encore, tels que le bâtiment voyageurs, le buffet, la halle à marchandises et l’ancien district. Quelques vestiges témoignent toujours de son riche passé industriel, offrant ainsi une véritable plongée dans l’histoire ferroviaire régionale.
